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Retour sur L’HEURE BLEUE avec Cynthia Archambault
Par un bel après-midi, nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec Cynthia Archambault, interprète participant à nos ateliers de formation artistique depuis une dizaine d’années. Cela faisait moins d’une semaine qu’elle avait offert au public sa plus récente performance dans L’HEURE BLEUE, production qui a eu lieu du 6 au 11 juin dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec. Cette adaptation québécoise et contemporaine du Hamlet de Shakespeare avait tout pour donner des frissons au public : à travers les codes de l’horreur et du fantastique, la pièce le confrontait à des situations qui avaient de quoi choquer les âmes sensibles. On traitait entre autres du deuil, de l’isolement, de la vengeance et de la folie humaine, mettant en jeu plusieurs formes de violence comme l’intimidation, les agressions sexuelles et les tueries armées.
Malgré son long parcours chez nous, c’était la première fois que Cynthia jouait dans un spectacle professionnel présenté par une compagnie théâtrale autre qu’Entr’actes. En effet, L’HEURE BLEUE est une création de David Bouchard et Maxime Robin produite par leurs compagnies respectives : La Brute qui pleure et La Vierge folle. C’est une artiste fatiguée, mais très fière du travail accompli, qui a accueilli nos questions. Dans cette entrevue, Cynthia nous relate son expérience et ses défis.
1. Explique-nous un peu ce qu’est L’HEURE BLEUE.
L’HEURE BLEUE est un spectacle assez différent des autres, parce qu’il est présenté à l’extérieur, en soirée, au Centre de plein air de Beauport. L’histoire se déroule donc dans un camping dans le bois, un lieu de rassemblement pour des familles qui veulent se retrouver dans la nature.
Dans cet environnement, il y a Junior (David Bouchard) qui fait une fixation sur la mort de son père. Et mon personnage, Ophélie, est son amie confidente qui est toujours là pour le rassurer. Elle devient la seule amie en qui il va avoir confiance, parce qu’elle est la seule qui va comprendre ce que Junior ressent au fond de lui.
2. Comment était-ce, pour toi, d’explorer des thèmes aussi sombres que ceux dans la pièce ?
J’avoue qu’au début, je n’étais pas à l’aise à l’idée que le spectacle se déroule dans le noir. C’était une de mes peurs, parce que je suis le genre de personne qui a toujours besoin d’une veilleuse avant de s’endormir ! Ce n’était pas non plus très évident de jouer dans un contexte où les personnages se droguent et se soûlent. Et bien sûr, j’avais aussi un petit malaise au début à l’idée de faire une scène où je me faisais agresser, mais dans les faits, ça s’est super bien passé ! Avec David, on a beaucoup parlé et répété pour que je me sente bien. La scène d’agression a été placée comme une chorégraphie : on a fait en sorte d’y aller étape par étape. J’ai eu la chance d’avoir un partenaire de jeu génial, ça roulait parfaitement bien entre lui et moi.
3. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’embarquer dans ce projet-là ?
Je n’ai pas hésité longtemps avant d’accepter la proposition, parce que je savais que je ferais une bonne Ophélie. Je me suis vraiment reconnue dans ce personnage ; elle me ressemble beaucoup, tout comme je lui ressemble. Je lui ai prêté ma différence : le syndrome du chromosome 8. Mais ce n’est pas que ça ; je voyais en elle mon caractère, mes défauts et mes qualités. C’est la première fois que je tenais un rôle aussi près de moi, et plus je la jouais, plus je la voyais, plus je la comprenais. Ça m’a passionné de faire ce travail, à un point tel que je n’avais plus l’impression d’être comédienne quand j’interprétais Ophélie. J’étais Ophélie !
4. Maintenant que les représentations sont terminées, que retiens-tu de ton expérience ?
Franchement, c’était une belle expérience. Je dirais que j’ai appris à me faire confiance davantage. Il fallait digérer beaucoup en même temps ; toutes les scènes, les entrées et les sorties. C’était vraiment beaucoup plus de répétitions que ce à quoi j’étais habituée ! On pratiquait tous les jours de 13 h à 22 h : scène après scène, après scène, après scène ! Je suis une fille qui s’épuise très vite, ça fait partie de mon syndrome, mais même si je devais parfois aller puiser dans mes réserves d’énergie, j’ai été surprise de constater que j’en avais autant à donner. Mon truc était de m’accrocher à mon personnage pour en tirer mon énergie et ma concentration. Ophélie en avait, elle ! Ça m’a donc sorti de ma zone de confort, mais je suis très fière de moi en fin de compte. J’ai beaucoup évolué à travers tout ça, et ça m’a permis de me comprendre beaucoup mieux qu’avant, comme personne et comme artiste.